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Présentation du dossier Voyage au bout du néoconservatisme.

Un texte de Gilles Labelle
Dossier : Voyage au bout du néoconservatisme
Thèmes : Canada, Démocratie, Philosophie, Politique
Numéro : vol. 9 no. 2 Printemps-été 2007

Présentation

Avertissement à propos du dossier qui suit sur le « néoconservatisme »

 


Argument désire prévenir les lecteurs sensibles, en particulier ceux qui ont acquis quelques lumières sur les événements qui bouleversent notre monde en s’astreignant à la lecture et à l’étude de ces phares de l’intelligence que sont Le monde diplomatique, Noam Chomsky et Michael Moore : le dossier qui suit n’est pas à mettre entre toutes les mains. Un ensemble de propositions extrêmement surprenantes sont en effet faites par deux auteurs qu’on croyait pourtant bien connaître, et qu’on pourra désormais légitimement soupçonner du pire, Daniel Tanguay et Gilles Labelle. Donnons-en immédiatement, pour éviter un choc trop brutal à nos lecteurs, un échantillon : 1) le néoconservatisme américain n’est pas le diable en personne; 2) il n’a rien à voir avec la pourtant innommable « Commission trilatérale » qui, chose inouïe, n’est citée nulle part dans ces deux textes; 3) il n’est pas le fruit d’un abominable complot antidémocratique où s’entrelacent Texans parvenus et enrichis par le pétrole, occultes « think thanks » washingtoniens, sectes secrètes crypto-fascistes straussiennes visant la domination du monde par une nouvelle race de rois-philosophes et de fondamentalistes religieux dont-on-n’entend-jamais-parler-sauf-ici-et-qui-croient-que-la-fin-du-monde-est-à-sept-heures-et-qu’elle-commencera-à-Jérusalem-dans-un-feu-nucléaire-et-purificateur; 4) le 11 septembre 2001, deux avions ont bel et bien foncé dans les deux tours du World Trade Center, les ont bel et bien ébranlées au point qu’elles sont bel et bien tombées — de telle sorte qu’il n’est pas absolument nécessaire de mettre sur pied une commission internationale d’enquête sous la présidence d’honneur d’Amir Khadir pour savoir ce qui s’est réellement passé.

            Pour en arriver à ces propositions que, prenons la peine de le répéter, la direction d’Argument juge, comme toute personne le moindrement sensée et qui lit les journaux et les bons auteurs, extrêmement surprenantes, Tanguay et Labelle se sont exposés — et ce, pendant une période relativement longue, il faut le relever — à rien de moins que le pire. En effet, sous l’effet d’on ne sait quelle passion obscure habitant leur « âme » tourmentée (pour employer leur désopilant vocabulaire, dont on ne sait s’ils peuvent eux-mêmes le prendre au sérieux), ils ont lu des ouvrages et des auteurs néoconservateurs. Étrange destin de la critique en ce début de siècle qu’on croyait pourtant définitivement gagné aux idées de vitesse, de concision et de formules frappées à l’emporte-pièce : voilà qu’il s’agirait maintenant — du moins selon Tanguay-Labelle — de se faire une idée par soi-même des questions qui agitent notre monde troublé. Nous laissons le lecteur entièrement juge du bien-fondé d’une telle démarche — dont par ailleurs nous ne pouvons nous empêcher de signaler que si elle se généralisait, elle mettrait sérieusement en question l’avenir, qui s’annonçait pourtant rose en ce début de siècle, de l’idéologie et des différentes formes du prêt-à-penser pour esprits pressés et néanmoins désireux de briller dans les milieux où ça compte.

            Chose encore plus stupéfiante, si on nous permet un dernier commentaire : au terme de leur expédition en pays néoconservateur et même straussien, nos deux auteurs estiment en être arrivés à une critique du néoconservatisme et du straussisme peut-être plus probante que celles auxquelles on est pourtant habitué — parce que, prétendent-ils, « mieux informée » et articulée « en connaissance de cause ». De nouveau, nous estimons qu’il faut laisser le lecteur juge d’une proposition aussi insolite — dont on ne peut s’empêcher de se demander, par ailleurs, si elle n’aurait pas pour finalité (inavouée) de convaincre le lecteur non prévenu que la culture et la politique américaines sont complexes, voire irréductibles à Mickey Mouse et à une présidence confiée à quelqu’un dont tous les sages de notre temps et les esprits extrêmement critiques qui les suivent savent qu’il n’est qu’un parfait idiot dont l’ascension apparemment incompréhensible relève en fait d’une quasi-inconcevable manipulation à grande échelle.



Gilles Labelle



 


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