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La misère sexuelle des aînés : quelle solution privilégier ?

Un texte de André Dupras
Thèmes : Aînés, Sexualité
Numéro : Argument 2015 - Exclusivité Web 2015

La misère, chargée d’une idée, est le plus redoutable des engins révolutionnaires.
Victor Hugo1


Le 6 mai 2015, Radio-Canada a diffusé un reportage de Marie-Ève Tremblay intitulé « Sexualité et aînés : quand la prostitution est une solution »2. Pour remédier à leur indigence sexuelle, des personnes âgées songent à utiliser la prostitution. C’est le cas de Roger, âgé de 73 ans, qui témoigne dans ce reportage. Il n’arrive pas à trouver une compagne de vie. De fait, les aînés ne vivant pas en couple ont moins de possibilités d’avoir des activités sexuelles3. Le recours à la prostitution constitue donc une solution pour des aînés qui n’ont pas de partenaires sexuels. D’après le témoignage d’une travailleuse du sexe interviewée dans le reportage, sa clientèle était composée de 25 % de personnes âgées. Cette donnée a pu surprendre les téléspectateurs qui perçoivent trop souvent les aînés comme des êtres asexués ayant perdu tout intérêt à l’égard de la sexualité.

La révolution sexuelle intervenue à la fin des années 1960 a pourtant permis une « détabouïsation » de la sexualité des aînés, ce qui a contribué à la reconnaissance de leur droit à une vie sexuelle. Ainsi des aînés revendiquent aujourd’hui le droit de satisfaire leurs besoins sexuels. Toutefois, la difficulté qu’ils éprouvent pour trouver une partenaire appauvrit leur vie sexuelle. Le terme « misère » est utilisé pour désigner la sexualité de certaines personnes âgées parce que celle-ci est caractérisée par une sévère insuffisance, un grand manque, une rareté. Or, cette misère sexuelle nous apparaît comme une violation des droits sexuels4. Cet état déplorable suscite la pitié et la compassion. Pour notre part, loin de vouloir nous apitoyer sur leur souffrance, notre intention est d’envisager des voies de sortie de cette misère sexuelle des aînés. Le présent texte propose une réflexion sur la sexualité d’un groupe d’hommes âgés dans leurs pratiques concrètes en considérant trois solutions à leur misère sexuelle : économique, psychologique et politique. Il s’agit d’aller au-delà de la simple reconnaissance de la sexualité des aînés pour considérer leur sexualité dans sa dimension politique et les actions émancipatrices qui en découlent.

 

La solution économique

 

Une première solution à la misère sexuelle consiste à recourir à une activité économique5. Entre autres, il s’agit d’obtenir des plaisirs sexuels en s’assurant les services professionnels d’une personne moyennant rémunération6. Le travail sexuel implique un échange de sexe à court terme contre des biens et des facilités. Ainsi la prostitution convient à des hommes âgés qui recherchent une relation sexuelle qui n’implique pas de sentiment, axée sur l’aspect physique et mécanique de la sexualité, se déroulant rapidement et de façon anonyme. Toutefois cette conduite sexuelle suscite une désapprobation parce qu’elle dévie des valeurs, des attentes et des normes sociales associées à l’expression de la sexualité. L’acte sexuel jugé normal doit comprendre un engagement émotionnel, un désintéressement, un souci de l’autre considéré comme un sujet désirant et non pas comme un objet sexuel.

Si la prostitution constitue une pratique déviante, les clients de ce service sexuel ne se considèrent pas pour autant comme anormaux7. Ils se perçoivent comme des personnes ordinaires qui s’adonnent à un comportement sexuel tarifé qui leur permet de sortir de l’isolement et de les soulager d’une souffrance. La prostitution serait un remède à la solitude des personnes âgées. Celles-ci ont en effet des besoins sexuels normaux qu’elles arrivent difficilement à satisfaire. Les services sexuels rémunérés représentent alors une solution économique à un problème biologique rencontré par des aînés. La prostitution est, autrement dit, considérée comme « un mal nécessaire » pour les personnes affligées d’une sexualité indigente.

La solution économique de la misère sexuelle peut convenir à certains aînés, toutefois elle constitue une réponse limitée et close. Elle enferme l’homme âgé dans un rôle de consommateur de la sexualité en réduisant sa partenaire à l’état d’objet sexuel servant à lui procurer du plaisir. Une nouvelle perception de soi et de l’autre peut apporter des réponses différentes à la misère sexuelle.

 

La solution psychologique

 

Au lieu d’utiliser la prostitution, les personnes âgées pourraient développer leur pouvoir de séduction. Des approches psychologiques8 leur permettent de surmonter leur timidité et d’acquérir une plus grande confiance en soi. Le développement d’une plus forte estime de soi les conduirait à rechercher d’autres relations que celles limitées qu’offre la prostitution. Leur capacité de séduire une femme permettrait en même temps à des hommes âgés d’avoir une image valorisée d’eux-mêmes.

Il va sans dire qu’il est plus difficile pour les personnes âgées de s’engager dans une démarche éducative que d’engager une prostituée. Elles doivent investir du temps, de l’argent et de l’énergie pour développer des compétences interpersonnelles. Ces personnes doivent travailler leur manière d’être, d’écouter et d’entrer en contact avec l’autre9. Ce travail sur soi implique de se questionner sur ses désirs, ses intérêts et ses projets de vie. De plus, elles doivent envisager la possibilité d’essuyer un échec dans leurs tentatives de séduction. Ainsi, des hommes âgés vivront une blessure narcissique si une femme repousse leurs avances. S’ils adhèrent au modèle traditionnel de la masculinité10, ils auront de la difficulté à accepter ce rejet puisqu’un homme normal doit être fort, performant et sans problème.

Si une démarche éducative peut aider des hommes qui vivent seuls à trouver une compagne, le travail sur soi constitue cependant un défi majeur pour certains hommes âgés. Depuis leur prime enfance, ils ont construit une identité masculine caractérisée par la confiance en soi, l'indépendance et le pragmatisme11. Pour construire leur identité, ils ont dû se séparer de leur mère, s’affirmer et être autonomes. Leur masculinité fut apprise en se définissant soi-même à l’encontre de l’expression de l’émotivité et de la construction de liens affectifs avec autrui. L’accent mis sur la dimension instrumentale des relations interpersonnelles n’encourage pas à se confier ni à développer des liens intimes par la révélation de soi. La démarche éducative exige d’être intime avec soi-même et avec les autres, des dispositions que ces hommes n’ont pas tellement développées ni mises en application au cours de leur vie. Ainsi des hommes âgés auront tendance à résister à une démarche réflexive qu'ils jugeraient, à la fois, non pertinente et sans intérêt pour eux. Parce qu'ils ont été socialisés en choisissant la « séparation » plutôt que la « relation », il est compréhensible qu’ils privilégient la prostitution plutôt que la relation intime. Cette dernière est ressentie comme menaçante pour leur sentiment d'indépendance et d’autonomie.

L’approche psychologique de la misère sexuelle des aînés peut être bénéfique pour certaines personnes âgées, toutefois elle possède l’inconvénient d’attribuer la cause de cette misère à l’individu, négligeant de ce fait l’ancrage sociopolitique12 de cette question. Ainsi des personnes utilisent la prostitution pour combler un problème non seulement de solitude et d’isolement, mais également de contact avec des femmes. Certains de ces hommes âgés n’apprécient guère les rencontres avec des femmes parce qu’ils ont de la difficulté à établir un contact avec elles. Une étude suédoise constate que les clients des prostituées semblent avoir plus de difficultés dans leurs relations avec les femmes : ils sont par exemple plus nombreux à être divorcés ou séparés que la population des non consommateurs de services sexuels13. Des hommes âgés ont parfois des relations problématiques avec les femmes qui peuvent engendrer des conflits.

 

La solution politique

 

La libération sexuelle a contribué à redéfinir la conception des rôles sociaux en valorisant l’égalité entre les sexes. Les femmes ont contesté la domination sexuelle des hommes. Mais cette transformation sociale n’a pas été acceptée par tous les hommes âgés. Parmi les consommateurs de services sexuels, il a été noté l’existence d’un groupe composé d’hommes relativement âgés qui n’acceptent pas le changement des relations entre les hommes et les femmes14. D’orientation traditionnaliste, ils s’accrochent aux anciennes visions de la supériorité masculine. La prostitution leur permet alors d’exercer leur pouvoir en achetant des services sexuels d’une femme considérée comme inférieure.

La sexualité prostitutionnelle constitue un échange commercial qui obéit aux lois de l’économie de marché. Le prix, la qualité et la disponibilité du service sexuel sont déterminés par le libre jeu du marché du sexe. L’économie de marché appartient au domaine politique puisqu’elle comporte une confrontation de l’offre et de la demande où des rapports de force s’exercent lors de la négociation marchande15. La prostitution est également politique étant donné que la relation prostitutionnelle est asymétrique : le client y exerce sa domination sur la prostituée.

Le récit de vie16 permettrait à l’homme âgé de mieux voir comment il s’est construit une identité d’homme nomade au cours des années17. Le retour dans le passé lui ferait comprendre pourquoi il a voulu être autonome (séparé) et conquérant (aventure sexuelle18). Malgré son vieillissement, il veut demeurer un gagnant et un possédant. Il espère rester sain, puissant et viril plutôt que finir sa vie déficient, impuissant et féminisé. Il persiste à mettre l’accent sur l’avoir, le gain et la possession craignant ainsi d’être un perdant, « un tout nu » (une personne pauvre). En achetant les services d’une prostituée, il a l’impression de ne pas être un miséreux financier et sexuel. Le recours à la prostitution confirme en outre son pouvoir sur la femme. Indirectement, il adhère aussi à la croyance que les vieux ne sont valables et appréciables que s’ils sont rentables. En consommant de la prostitution, il évite enfin les conflits avec les femmes. La prostitution constitue donc un mode de fonctionnement efficace qui lui permet de privilégier les réponses au lieu de se poser des questions, de réfléchir à sa condition d’homme nomade.

Le récit de vie peut être une force potentiellement libératrice en lui faisant prendre conscience de sa socialisation, en l’amenant à questionner les valeurs reçues et en lui permettant d’adopter des pratiques nouvelles. En ce faisant, l’homme âgé procède à une évaluation existentielle de sa trajectoire de vie ; il réexamine sa vie sexuelle pour la réinterpréter et la réorienter. Une démarche réflexive amène l’homme âgé à s’ouvrir à la possibilité de relever le défi de construire une relation avec des partenaires socialement égaux. Cette prise de conscience peut le conduire à s’assumer comme étant un « tout nu », c’est-à-dire un manifestant qui se dévêtirait symboliquement de façon à faire entendre ses revendications en faveur d’une égalité humaine. Somme toute, le récit de vie incite donc à passer d’une pensée économiste (la compétition, le profit, la discrimination) à une pensée humaniste (la solidarité, le lien social, l’accueil de la fragilité).

 

Conclusion

 

Les images médiatiques perpétuent la représentation de la sexualité des hommes âgés comme s’ils étaient les victimes d’une pulsion sexuelle irrépressible qui demande à être soulagée, en l’absence de partenaire, par le recours à la prostitution. Si les aînés bénéficient d’une libération sexuelle, ils sont encore confrontés à des préjugés à l’égard de la sexualité masculine. Chercher à comprendre la motivation des hommes âgés à utiliser la prostitution implique de considérer leurs conceptions de la sexualité et leurs rapports de genre. Ils ont appris leurs rôles masculins en exerçant leur domination sur les femmes. Dans leurs interactions avec les femmes, ils ne cherchent pas à établir des relations égalitaires, mais plutôt à imposer leur volonté. Cette attitude machiste se heurte aux aspirations des femmes à l’égalité. La prostitution comme solution à leur misère sexuelle occulte le problème qu’ils rencontrent dans leurs relations avec les femmes. Le recours à la prostitution par les aînés témoigne d’une certaine crise actuelle de l'identité masculine par rapport à la montée de valeurs féminines dans la société.

Agir contre la misère sexuelle implique de changer de regard, d’être convaincu que le client comme la prostituée font partie de la même humanité, et que l’atteinte à la dignité de l’un rejaillit sur celle de l’autre. Cette idée introduite dans la lutte à la misère sexuelle des aînés et des travailleuses du sexe pourrait révolutionner les représentations de la sexualité, induire à cet égard une véritable révolution copernicienne. Les clients âgés partagent avec les prostituées une condition de marginalisation. Une fois entrées dans le milieu prostitutionnel, ces dernières sont souvent enfermées elles aussi dans un isolement social important, renforcé par un sentiment de honte19. La vieillesse et la prostitution sont toutes deux des états de vie qui disqualifient les personnes concernées et les empêchent d’être pleinement acceptées par la société. Leur exclusion sociale est redevable au fait que les aînés et les prostituées ne correspondent pas ou plus au modèle dominant de la société hypermoderne. Leur vulnérabilité, caractérisée par une absence de participation productive et un isolement relationnel, contribue à leur marginalisation sociale. Au lieu de rejeter cette fragilité comme contraire aux logiques de performance et de concurrence de la société néolibérale, celle-ci peut être utilisée comme tremplin pour découvrir et vivre des valeurs humanistes comme la recherche de la vérité, de la dignité, de la liberté, de l’égalité et de la solidarité.

La vie offre des expériences qui introduisent des changements chez une personne. Des dispositifs de réflexion comme le récit de vie peuvent conduire un homme âgé à oser la rencontre, à entrer dans une relation qui est souvent source de tension. Au lieu de rendre les relations lisses et sans conflits en utilisant la prostitution, il reconnaît que la société se construit sur des rapports de force. Un processus de réflexion et de conscientisation peut conduire à des changements d’attitudes et de pratiques chez des hommes âgés au sujet de leurs relations avec les femmes. Cette transformation est relatée dans le roman Mémoire de mes putains tristes de Gabriel Garcia Marquez20. Dans ce récit romanesque, le narrateur, vieux journaliste libertin, décide de s’offrir une jeune vierge pour son quatre-vingt-dixième anniversaire. Cet homme, qui a toujours fait l’amour avec des prostituées, s’éveille à un nouveau sentiment, l’amour. Il décide de prendre soin de la jeune fille, de se dévouer à son bonheur plutôt que d’en profiter. Au crépuscule de la vie, il découvre enfin la vie, l’affection et l’attachement envers un être : « C’était enfin la vraie vie, mon cœur était sauf et j’étais condamné à mourir d’amour au terme d’une agonie de plaisir un jour quelconque après ma centième année » (p. 129).


ANDRÉ DUPRAS

André Dupras est professeur associé au Département de sexologie de l’UQÀM

 



 

1 Victor Hugo, Océan, Tas de pierres, Paris, Albin Michel, 1942.

2 Marie-Ève Tremblay, Sexualité et aînés : quand la prostitution est une solution, Montréal, Radio-Canada, 2015.

http://ici.radio-canada.ca/regions/montreal/2015/05/06/006-prostitution-aines-sexualite.shtml

3 Gérard Ribes, Sexualité et vieillissement, Lyon, Chronique sociale, 2009.

 

4 L’Association Mondiale pour la Santé Sexuelle (WAS) a rédigé une charte des droits sexuels qui comprend « le droit de jouir de la meilleur santé possible y compris la santé sexuelle, comprenant la possibilité de vivre des expériences sexuelles qui apportent du plaisir, satisfaisantes et en toute sécurité ».

(WAS, Déclaration des droits sexuels, Prague, 2014.)

http://www.worldsexology.org/wp-content/uploads/2013/08/DSR-French.pdf

5 L’économie (du grec ancien oikonomía signifiant « administration d'un foyer ») peut se définir comme une activité humaine relative à la production, à la distribution et à la consommation des biens et services.

6 La prostitution est une forme parmi d’autres de marchandisation de la sexualité. Il serait intéressant d’étudier l’utilisation des sites de rencontres par les aînés. Il s’agit de sites sur lesquels on s'inscrit et on paye pour entrer en contact avec d'autres personnes dans l'espoir de faire des rencontres sexuelles et/ou amoureuses (Stéphane Rose, Misere-sexuelle.com, le livre noir des sites de rencontres, Paris, La Musardine, Collection Attrape Corps, 2013).

7 Saïd Bouamama et Claudine Legardinier, Les clients de la prostitution : l'enquête, Paris, Presses de la Renaissance, 2006.

8 La psychologie (du grec psukhê, âme et logos, parole) étudie les processus mentaux et les comportements des personnes. La pratique psychologique permet à l’individu de mieux se comprendre soi-même.

9 Jacqueline Simoneau, La séduction après 50 ans, Bel Âge, 2013. https://www.lebelage.ca/sante-et-mieux-etre/mieux-etre/la-seduction-apres-50-ans?page=all

10 La masculinité comprend l’ensemble des caractéristiques culturellement attribuées aux hommes.

11 Jocelyn A. Howard, Daniel A. Renfrow et Judith A. Hollander, Gendered Situations, Gendered-Selves, Thousand Oaks (CA), Sage, 1997.

12 La politique, au sens restreint de Politikè (art politique), se réfère à la pratique du pouvoir, soit aux rapports de force entre les hommes et femmes.

13 Sven-Axel Mansson, Les clients des prostituées : le cas suédois, Mouvements, 2004, 31, 64-69.

14 Annick Prieur et Arnhild Taksdal, Clients of prostitutes – sick deviants or ordinary men? A discussion of the male role concept and cultural changes in masculinity, NORA, Nordic Journal of Feminist and Gender Research, 1993, 1, 2, 105-114.

15 Pour l'économiste Jacques Sapir, le terme d’économie de marché « n'appartient pas à la tradition économique, mais bel et bien au vocabulaire politique ». (Jacques Sapir, La Fin de l'eurolibéralisme, Paris, Le Seuil, 2006, p. 82).

16 Le récit de vie est une démarche narrative qui permet de rassembler des matériaux biographiques, de les mettre en lien et de leur donner une signification. Cette démarche peut faire prendre conscience à une personne des traits identitaires construits au cours de sa trajectoire de vie dans une visée émancipatrice. Le récit de vie est amplement utilisé en gérontologie (Samuel Guillemot et Bertrand Urien, La rédaction d’une histoire de vie chez les personnes âgées : fondements conceptuels, dimensionnement et proposition d’une échelle de mesure des motivations au récit de vie, Recherche et Application en Marketing, 2010, 25, 4, 25-43).

17 Jacques Attali, L’Homme nomade, Paris, Fayard, 2003.

18 Il est connu que le nomadisme pousse l’individu à avoir une femme dans chaque port.

 

19 Daniel Welzer-Lang, Odette Barbosa et Lilian Mathieu, Prostitution : les uns, les unes et les autres, Paris, Métailié, 1994.

20 Gabriel Garcia Marquez, Mémoire de mes putains tristes, Paris, Bernard Grasset, 2005.

 


 

Crédit image

"Eugène Durieu - Female portrait - Google Art Project" par Eugène Durieu - qAEdKnuqx5jaiw à l'Institut culturelle Googlee, domaine public  via Wikimedia Commons.




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