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Présentation du dossier Le capitalisme est-il une fatalité ?

Un texte de Gilles Labelle
Dossier : Le capitalisme est-il une fatalité?
Thèmes : Mouvements sociaux, Revue d'idées, Société, Économie
Numéro : vol. 11 no. 2 Printemps-été 2009

L’une des plus grandes différences entre l’époque que nous vivons depuis, disons, 1990 environ, et la précédente, est que certains mots paraissent être devenus indicibles. On pouvait, par exemple, dire « socialisme », il y a vingt-cinq ans ; cela risquait de soulever un débat, s’agissait-il d’une utopie, d’un rêve ? Ou encore, on pouvait demander : le socialisme dont vous parlez, est-il compatible avec la démocratie, historiquement une certaine forme de socialisme n’a-t-elle pas eu partie liée avec le « totalitarisme » ? Les débats pouvaient être vifs, violents même, mais ils avaient lieu, parce que « socialisme », tout comme « communisme », « marxisme » étaient dicibles, on pouvait légitimement les faire intervenir dans une conversation.

Jusqu’à il y a très peu de temps (quelques mois à peine), on pouvait penser sérieusement que nous étions entrés dans un autre régime de discours. Sans aller jusqu’à proclamer la « fin de l’histoire » et à penser que le capitalisme et la démocratie libérale définissaient désormais le seul horizon des sociétés après le mur de Berlin, il fallait bien constater que même la « gauche de la gauche » française, par exemple, préférait parler de fonder un parti « anti-capitaliste » plutôt que d’avoir recours au vocabulaire classique de la gauche. On évitera à nos lecteurs de leur rappeler que l’histoire est imprévisible et que, parfois, elle donne l’impression de s’accélérer... n’empêche que, pour parler comme Raymond Aron, il semble bien que « History is on the move again ». À la fois un certain nombre de décisions prises par des gouvernements après le déclenchement de la crise financière récente et les discours que certains politiciens tiennent (jusqu’à « refonder le capitalisme ») indiquent que la chape de plomb qui a fait que des choses paraissaient aller de soi et que d’autres étaient devenues indicibles voire impensables ne pesait pas autant que l’on pouvait le croire sur les esprits.

Le « capitalisme » paraît ainsi soudainement être redevenu un objet légitime d’interrogation. On se demande non seulement ce que sont les effets qu’il induit – mais s’il est inévitable, fatal, s’il peut éventuellement être remplacé par autre chose. Pour répondre, il faut d’abord comprendre ce qu’il est et peut-être, surtout, les sources de la séduction qu’il opère (opérait ?) sur les esprits : à quels affects correspond-il, quelles passions, quels désirs mobilise-t-il ? C’est en cherchant à répondre à la question : « Le capitalisme est-il une fatalité ? » que nos contributeurs ont été amenés à poser ces questions, qu’ils discutent, on le constatera, à partir de perspectives très différentes voire opposées.



Gilles Labelle


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